| Mardi, 30 Décembre 2008 15:47 | 
| Avec l'aimable autorisation du Dr GRUNBERG (DMG de Bobigny) : En Médecine de soins primaires, les cas où l’on peut  appliquer un traitement univoque à une maladie bien référencée sont  rares. On est plus souvent face à une situation dont la réponse est  fonction de la personnalité du malade, de la personnalité du soignant,  de la relation qui s’installe entre les 2, du contexte, et des  connaissances de chacun des 2 et de la mise en oeuvre de ces  connaissances. Il faut aller, par l’interrogatoire, l’observation et  l’examen, à la recherche des signes qui ne sont pas encore des  symptômes, les interpréter , tenir compte de ses propres émotions et de  ses doutes, du contexte, (urgence, temps, argent..). Tout ceci nécessite  un apprentissage qui ne peut se faire qu’en situation. Pour que ces  expériences puissent être profitables, elles doivent pouvoir être,  analysées, commentées, et évaluées et pour cela elles doivent être  décrites. Le but des « traces d’apprentissage » est, à partir d’une  situation réelle, d’analyser les éléments qui amènent une résolution des  problèmes pour pouvoir s’en resservir plus tard. 1) Le choix de la situation - C’est une situation authentique : vous l’avez-vous même vécue en tant que soignant - C’est une situation de soins primaires : vous êtes  le premier effecteur médical concernant la demande du patient en  question : consultation ou visite au cours du stage niveau 1 ou SASPAS,  réception aux urgences d’un patient se présentant de lui-même,  découverte au cours d’une hospitalisation d’un problème médical autre  que le motif principal d’hospitalisation (les soins concernant le motif  d’hospitalisation sont les soins secondaires). - Ce doit être une situation complexe : Elle fait  intervenir plusieurs champs de la médecine générale : biomédical,  social, psycho-relationnel, administratif, mais aussi éthique et  réglementaire. Attention complexe ne veut pas dire compliquée. Bien que  les situations compliquées soient fréquentes en Médecine de soins  primaires, vous choisirez au début une situation plutôt simple  c'est-à-dire qui ne fait pas intervenir des facteurs rares ou compliqués  (ex : patient agressif, demande abusive d’emblée, menace de suicide,  maladie rare…). - C’est une situation qui vous pose problème (même si le problème vous parait très simple). Exemple 1 : M. X est hospitalisé pour pneumopathie  grave. Au cours de l’entretien, vous découvrez qu’il fume 2 paquets par  jour, qu’il boit environs 5 maxi cannettes de bière forte par jour et  qu’il a surtout très peur d’avoir le Cancer. Exemple 2 : Mme Y patiente de votre maître de stage  vous amène sa fille de 5 ans parce qu’elle enrhumée et qu’elle a de la  fièvre et qu’il « faut » lui donner des antibiotiques. A l’examen, la  petite refuse catégoriquement de se laisser examiner les oreilles… 2) La narration de la situation Le récit doit relater la succession dans le temps de  l’ensemble des faits marquants, des comportements réels, des sentiments  ou émotions vécus par le narrateur, et de l’ensemble des éléments  (description physique, présentation, paroles échangées, ton, attitudes,  sensations, sentiments ressentis, interactions, transfert…) permettant  de suivre la démarche . Exemple 1 : «Ce patient est entré la veille dans le  service et je me prépare à faire son observation. A l’entrée dans la  chambre, je me trouve devant un patient pâle, en sueurs, trémulant, et  agité. Au bout de 5 mn d’entretien où j’apprend qu’il boit 5 maxi  cannettes de bière forte et qu’il fume 2 paquets de cigarettes par jour,  il s’effondre en larmes : c’est pas le Cancer docteur ? Je ne vais pas  mourir ? Devant ces signes, je pense à un pré DT, je lui explique que je  vais lui donner quelque chose pour le calmer, que son infection est  certes grave mais que prise à temps il a toutes les chances de guérir  avec les AB qu’on lui donne… et que nous nous reverrons plus tard pour  parler plus calmement… » Exemple 2 : « Malgré tous mes efforts et ceux de sa  mère, la petite hurle et se débat dès que je tente d’approcher  l’otoscope de son oreille. J’arrive juste à lui prendre la température  frontale (38°5) et ausculter ses bronches qui sont encombrés. Je finit  par abandonner le combat et considère d’après la fièvre et la douleur  qu’il s’agit d’une otite moyenne aigue … ». Je décide de lui prescrire  de l’ORELOX* comme cela se faisait dans le service de pédiatrie où j’ai  fait mon précédent stage et en lui proposant de rappeler si son état ne  s’améliore pas... 3) L’exposé de la problématique Quels sont les problèmes posés ? Exemple 1 : (On ne prendra pas en compte le problème de la pathologie pulmonaire qui relève des soins secondaires) - Comment gérer l’hospitalisation et la consommation  d’alcool ? Il s’agit plus de faire une prévention du DT qu’un sevrage en  urgence qui, n’étant pas préparé a peu de chance de se prolonger après  l’hospitalisation. - Comment gérer l’hospitalisation et la consommation  de cigarette ? L’arrêt de lacigarette est indispensable surtout si le  patient bénéficie d’une oxygénothérapie. Comment convaincre le patient ? - Est-il dépressif ? - Dans quel contexte social évolue-t-il ? - Comment préparer la suite Exemple 2 : - Comment examiner un tympan chez un enfant réticent ? - Le fait de voir le tympan va-t-il changer ma décision finale ? - Faut-il répondre à la demande d’antibiotique de la mère ? - Comment gérer l’angoisse de la mère ? - Comment vais-je justifier ma décision ? - Comment faire alliance avec la mère ? Quelles questions dois je me poser pour résoudre les problèmes posés ? Exemple 1 : - Quels sont les critères de diagnostic d’une alcoolo dépendance ? - Quels sont les signes du syndrome de sevrage chez un patient alcoolo dépendant et ses modalités de traitement ? - Quelles sont les indications et les modalités du sevrage chez un patient tabagique ? - Comment modifier les comportements des patients dépendants ? - Comment définit-on un épisode dépressif ? Exemple 2 : - Comment faire le diagnostic d’une OMA ? - Quelles sont les indications de l’antibiothérapie dans l’OMA de l’enfant de 5 ans ? - Quelles sont les modalités du suivi d’une OMA chez l’enfant ? - Quel(s) est(sont) l’intérêt(s) d’un diagnostic  précis dans un contexte infectieux ?(en effet, ce court récit peut aussi  convenir à une rhino P non compliquée ou à une bronchite aigue voir une  bronchopneumopathie…) - Quelle est la prévalence (en médecine générale) des agents responsables d’infection dans ce contexte ? 4) La recherche documentaire Elle doit d’abord être guidée par un objectif précis,  (si possible un par question) Elle doit ensuite s’appuyer sur un ou  plusieurs mots clés à définir en fonction de l’objectif. Elle doit  ensuite s’orienter vers un domaine particulier (épidémiologie,  diagnostic, traitement, médecine générale, Etc.) Elle doit définir son  niveau d’exhaustivité (toute la littérature mondiale ou les publications  françaises les plus récentes en médecine générale…) - Sites de recherche documentaire (Doc’CISMeF, Chu de  Rouen, chu de Toulouse, Invs, Centre de documentation de l’UNAFORMEC,  OMG (Observatoire de la médecine générale), Médecine de famille, sites  et documents francophones…) - Moteur de recherche Internet (Google, Esculape),  littérature, documentation, Conférences de consensus, Recommandations  HAS, revues : Medecine, Prescrire, EBM journal, Revue Médicale Suisse... - La recherche doit être adaptée aux questions posées - Le niveau de preuve des réponses trouvées doit être évalué et mentionné - Le résumé de la recherche doit être exposé de façon claire et concise et en rapport avec le cas décrit. Exemple1 : - conférence de consensus de 1999 « objectifs,  indications et modalités du sevrage du patient alcoolo dépendant » dans  laquelle se trouve les réponses aux questions 1 et 2 : Chez ce patient,  l’interrogatoire retrouve une consommation excessive d’alcool (> 200g  d’alcool pur), journalière depuis de nombreux mois. Les signes  physiques : tremblements, sueurs, angoisse, tachycardie confirment le  diagnostic de dépendance alcoolique. Le traitement consiste en  l’administration de diazépam adapté à la réponse clinique (5 à 10mg 4 à 6  fois par jour), une réhydratation per os (2à 3l/j) et une  vitaminothérapie B1B6 (6cp/j), et surtout un accompagnement  psychologique rassurant (+++) - conférence de consensus de 1998 « arrêt de la  consommation de tabac » pour la question 3 : La prescription de patch  nicotiniques est licite pour éviter une majoration de l’agitation due au  sevrage du tabac (interdit dans le service). Dès que le patient sera en  état de se lever il pourra aller fumer 1 ou 2 cigarettes dans les espaces réservés, tout en conservant son patch. - On peut s’inspirer des thérapies comportementales  et des techniques d’entretien motivationnel pour la question 4 (Stade de  motivation de PROCHASKA et DI CLEMENTE). Ce patient est au stade « pré  contemplatif », le rôle du soignant est de lui faire prendre conscience  du problème (alcool tabac), de faire naître le doute et un éventuel  désir de modifier ses comportements -DSM IV ou CIM 10 pour la question 6[PG1] La  consommation d’une substance psycho active exclut le diagnostic : on ne  peut donc pas parler d’épisode dépressif majeur pour le moment, même si  certains critères sont présents. Ce diagnostic devra être réévalué après  3 semaines d’abstinence. Exemple 2 1. Dossier de Synthèse PRESCRIRE : OTITE MOYENNE AIGUE  (OMA) CHEZ L’ENFANT. L’évolution naturelle est le plus souvent favorable  en quelques jours Prescrire Mars 2003; 237: 194-214 Traiter la douleur  et arrêter l’escalade antibiotique Prescrire Avril 2003; 238:270-286 2. Conseil du médicament du Québec : http://www.cdm.gouv.qc.ca/site/download.php?id=170760,162,4 3. Site Esculape : http://www.esculape.com/fmc/oma.html 4. site grand public MEDISITE 5. Site université Paris 5 http://www.uvp5.univ-paris5.fr/CAMPUSPEDIATRIE/cycle2/poly/2400faq.asp#4 6. Etude PAAIR 2 stratégies de gestions des demandes d’antibiotiques dans les infections des voies aériennes supérieures. 7. Recommandation HAS sur TRAITEMENT des infectons des voies aériennes. Au total, le traitement de l’ OMA repose avant tout  sur le traitement de la douleur (paracétamol en 1ère intention, codéine  en 2è intention) et drainage des sécrétions (lavage de nez et kiné pour  les bronches). On constate que, concernant le tt antibiotique, plusieurs  attitudes sont possibles, selon que l’on privilégie l’aspect santé  publique et la prévention de l’acquisition des résistances des germes,  le risque d’effets secondaires des médicaments, le confort immédiat du  patient ou l’aspect économique (de la sécu ou des labos), le risque de  complication infectieuse grave étant devenu exceptionnel. Dans le cas  présent, s’agissant d’un enfant de + de 2 ans, sans signe de gravité  (fièvre> 39, douleur importante, altération de l’état général) les AB  ne sont pas préconisés pour certains mais qu’elles peuvent être licites  pour d’autres. Si elles sont prescrites, certains penchent pour  amoxicilline, d’autre amoxicilline + ac.clavulanique. Quelque soit  l’attitude choisie, elle doit pouvoir être explicitée et argumentée La  mère doit aussi être impliquée dans le traitement ne serait-ce qu’en  ayant à sa disposition les éléments de l’évolution et les repères  simples qui doivent l’alerter et déclencher une nouvelle consultation. 5) La Synthèse Elle doit permettre d’évaluer l’évolution qui s’est  produite entre le début et la fin de l’histoire : quelles sont les  compétences acquises et seront-elles utilisables dans une situation  semblable ? Exemple 1 : Il s’agissait, à l’occasion d’une  complication aigue motivant l’hospitalisation, de faire face à une  situation qui me posait 3 problèmes : - Découverte d’une dépendance alcoolo tabagique  pouvant compromettre et le déroulement du traitement (hypoxie, pré DT)  et le déroulement de l’hospitalisation (agitation). - Angoisse du patient lié à son état de santé  (pneumopathie grave), la crainte d’une maladie mortelle (Cancer), le  début de signe de sevrage alcool et tabac, la possibilité d’un syndrome  dépressif à réévaluer à distance. La recherche documentaire m’a permis  de confirmer mes connaissances sur la prévention du DT chez les patients  alcoolo dépendant, et de découvrir les notions validées d’ «  intervention brèves » en matière d’alcool et de « conseil minimal » en  matière de tabac. De même que pour le sevrage à long terme,  l’intervention du soignant ne doit pas être la même selon le stade de  motivation du patient. En l’occurrence, l’apparition d’un événement  grave justifiant une hospitalisation peut être l’occasion pour un  individu de prendre conscience des ses comportements à risque et de la  possibilité de bénéficier d’un accompagnement pour les modifier. Exemple 2 : Il s’agit d’une situation courante dans laquelle il  faut gérer l’anxiété de l’enfant, celle de la mère, et le propre stress  du jeune soignant sur la meilleure attitude. Après analyse des  références, je pense que j’expliquerais à la mère la probabilité  importante d’une affection virale, non sensible aux AB, le risque  d’effets secondaires non négligeable, le risque écologique de traiter  systématiquement aux AB, la possibilité d’attendre 48h avant de traiter  et de revoir sa fille. Je lui prescrirais une amoxicilline à donner soit  d’emblée si je ne l’ai pas convaincu, soit dans 48h après éventuel  réexamen ou coup de fil, soit à garder pour la prochaine fois si tout  s’arrange. Je donnerais en tout cas un traitement antalgique suffisant  et une désinfection rhinopharyngée et rechercherais une cause  favorisante des otites : le tabagisme passif. Entre temps, mon maître de  stage m’a montré sa technique pour examiner un tympan dans des  conditions difficiles. Cette trace d’apprentissage doit être présenté au  maître de stage ou au tuteur. Celui-ci fait ses remarques, et donne les  pistes à l’interne pour la retravailler. Lorsque le tuteur considère la  trace comme exploitable, il la valide après un entretien avec l’interne  qui peut la classer dans son portfolio. Sources : Grille d’évaluation des RSCA Claude ATTALI (Créteil) | 
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mercredi 15 décembre 2010
guide RSCA
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