Entre
0 et 4 mois :
Si
un test de dépistage néonatal de l’audition n’a pas été
effectué, l’entretien avec les parents est un préalable
indispensable à la réalisation d’un test de dépistage de
l’audition. Lors des examens réalisés entre 2 et 5 mois, on doit
poser aux parents les questions suivantes : votre enfant entend-il
bien ? Votre enfant réagit-il à votre voix ? Votre enfant
sursaute-t-il à un bruit fort ? À cet âge, il est recherché une
modification des comportements de l’enfant à la stimulation vocale
(utilisation de la voix) ou à l’acoumétrie aux objets sonores (un
grave un moyen un aigu)
A
9 mois :
Le
dépistage des troubles de l’audition est indissociable du
développement psychomoteur. Aux questions posées aux parents
précédemment, on leur demande s’ils ont l’impression que leur
enfant leur « répond » lorsqu’ils le sollicitent. Le principe
est alors d’obtenir un réflexe d’orientation-investigation qui
survient vers l’âge de 4-5 mois. Différentes méthodes sont
utilisées : acoumétrie aux jouets sonores et aux bruits usuels,
acoumétrie verbale (voie chuchotée).
A
24 mois :
Pour
l’audition, un certain nombre de signes peuvent attirer l’attention
: l’entourage a noté que l’enfant ne tourne pas la tête
lorsqu’on l’appelle, lorsqu’une porte se ferme violemment,
quand on entre dans la pièce, que l’enfant est apathique avec
parfois des colères violentes. Ce sont souvent, nous l’avons vu,
des troubles du langage qui doivent conduire à rechercher une
audition déficiente. L’audition doit être testée comme au 9e
mois.
Le
dépistage des troubles de l’audition
Examen
de l'audition à la naissance
L'exploration
de l'audition chez le nouveau-né bénéficie, à cette période de
la vie, des réactions réflexes qui vont disparaître avec la
maturation nerveuse et l'accoutumance au bruit. L'examen doit se
faire dans de bonnes conditions (cf. question 23), l'enfant étant
découvert, les membres libres, bien à plat sur le dos, les deux
oreilles dégagées. Plusieurs appareils (Veit-Bizaguet, Zénith)
permettent d'émettre à 5 cm de l'oreille de l'enfant un bruit blanc
calibré en fréquence et en intensité. Le bruit déclenche chez
l'enfant des réactions motrices globales : sursaut, Moro, réflexe
tonique des membres, réactions motrices localisées : clignement de
paupière (réflexe cochléo-palpébral), réflexe oculo-céphalogyre,
arrêt de mouvement, déclenchement de la succion. C'est un examen
difficile et pas toujours fiable. En général, le nouveau-né répond
à une stimulation de 60 dB. S'il ne répond pas, on augmente
l'intensité et tout enfant ne répondant pas à 90 dB doit être
considéré comme suspect. Si la suspicion se confirme à un nouvel
examen, il sera adressé à un spécialiste. La technique des
otoémissions
acoustiques provoquées (OEAP)
est plus récente ; elle peut être appliquée dès la période
néonatale.
Le langage.
Au
cours du premier mois existent seulement des cris et des grognements.
A
deux ou trois mois apparaissent des vocalisations : roucoulements,
rire, gloussement, avec différenciation progressive selon l'état
biologique ou affectif exprimé.
Entre
quatre et six mois apparaît le babil ou le gazouillis, à la fois
jeu, cri, appel et stock de formes sonores ultérieures. Ce sont les
voyelles qui apparaissent en premier et d'abord les voyelles
antérieures "a", "e", puis les consonnes
labiales (m, p) et dentales (d, t).
A
six ou sept mois, ce sont les premières dissyllabes répétitives
(ma, da), dont une évolution complexe fera ultérieurement des mots,
la non apparition du phonème et de sa répétition est un signe
d'alarme.
Entre
12 et 18 mois, ce sont les premiers mots, exclamations ou onomatopées
avec attribution d'une valeur significative. On arrive au mot-phrase
: un mot à forte signification, expression globale de désirs et de
sentiments divers. Par exemple, "maman" signifie aussi bien
"j'appelle maman" que "voilà maman qui arrive"
ou "voilà le sac de maman".
A
18 mois, apparaissent les premières associations de mots : "papa
pati".
Entre
24 et 27, le vocabulaire s'enrichit : 100 mots à 20 mois, 300 mots à
24 mois, 1000 mots à trois ans. C'est le langage enfantin avec
l'apparition de "je" qui implique que l'enfant
s'individualise en tant que personne.
De
30 à 36 mois, outre l'accroissement du vocabulaire, des phrases de
trois ou quatre mots sont courantes.
A
36-40 mois, les phrases sont bien formées et les fautes
grammaticales deviennent rares. On comprend l'enfant à 90%. Après 3
ans, l'enfant commence à utiliser des mots abstraits. Il prend
plaisir à répéter. A 5 ans, le langage devient un instrument de la
pensée, on peut, pour illustrer, voir l'évolution d'une demande
dans le temps : « bonbon, bonbon pour Pierre, Pierre veut un bonbon.
Je veux un bonbon. J'ai été sage, je veux un bonbon, s'il vous
plaît. » Il s'agit là d'un développement moyen et l'âge
d'apparition des différents stades varie suivant les collectivités,
L'évolution du phonème, c'est-à-dire de l'unité de parole du
début, à la syllabe, au mot et à la phrase se fait dans un ordre
de succession strict et universellement valable, il ne peut se
constituer si la perception auditive est déficiente : c'est dire que
tout trouble du développement du langage doit faire suspecter une
atteinte de l'audition.
c)
En dehors de l'étude du comportement et de l'acquisition du langage
chez l'enfant, différents
tests de dépistage ont été proposés, en audiométrie vocale
(tests utilisant la voix) ou tonale (tests utilisant des instruments
sonores).
Ils peuvent être utilisés en champ libre (les deux oreilles sont
testées simultanément) ou au casque par voie aérienne (ce qui
permet de tester séparément chaque oreille)
1
- Au
cours des 6 premiers mois,
on recherchera essentiellement la rotation conjuguée de la tête et
des yeux vers le stimulus sonore. Cette rotation apparaît entre 16
et 38 semaines selon les auteurs.
2
- Après
6 mois, les
auteurs anglais, à la suite des travaux de Shéridan, utilisent
différentes techniques d'examen dont le principal mérite est la
facilité de réalisation, ce qui n'exclut pas, néanmoins, une
grande rigueur. Ils utilisent des stimuli
vocaux en
tenant compte de la réceptivité de l'enfant. D'autres stimuli
familiers à l'enfant sont également utilisés : hochet, bruit de la
cuillère heurtant doucement la timbale, clochette, froissement de
papier.
Les
jeunes enfants répondent plus volontiers aux stimuli concrets,
mais les plus âgés préfèrent des stimuli nouveaux. Le prénom de
l'enfant est alors un bon stimulus.
3
- Les
jouets de Moatti Dans
cette voie, Moatti a mis au point un matériel simple : il s'agit de
quatre petits jouets imitant les cris d'animaux (vache, mouton, chat,
oiseau), sons complexes dont les fréquences sont, pour la vache de
100 à 4500 Hz, le mouton de 500 à 5000 Hz le chat de 1000 à 8000
Hz et l'oiseau de 2000 à 9000 Hz. Le son, lié à la chute d'un
poids dans un cylindre, est produit en retournant lentement l'objet
et non en le secouant. L'intensité est ainsi calculée pour
atteindre 60 décibels à un mètre, 55 à deux mètres, 50 à trois
mètres, 45 à quatre mètres, pour chacun des jouets. L'enfant étant
sur les genoux de sa mère, on commence par le jouet donnant le son
le plus aigu (oiseau) en se plaçant à quatre mètres de l'enfant,
hors de sa vue, et en se rapprochant progressivement en cas de non
réponse. La réaction d'orientation-investigation peut être
remplacée par des modifications au niveau de la face, des
modifications de la respiration, des phénomènes moteurs. Les
réponses négatives ne permettent pas d'affirmer l'absence de
perception et l'examen doit être pratiqué à nouveau, soit le jour
même soit quelques jours plus tard. Si le doute persiste, l'enfant
doit être dirigé vers un centre spécialisé. Bien qu'il ne
s'agisse pas d'une véritable mesure audiométrique, les réactions
obtenues suivant le jouet utilisé permettent d'apprécier
grossièrement le champ auditif de l'enfant. Il faut se méfier des
fausses réponses positives, parfois induites par une réaction de la
mère, et des fausses réponses négatives qui, elles, conduisent à
répéter l'examen. Enfin, la méthode risque de méconnaître les
hypoacousies inférieures à 50 dB.
4
- A 2 ans, et surtout à 2 ans et demi, on peut avoir recours au test
du nom :
placé derrière l'enfant occupé à jouer, on émet son nom à voix
nue ou par haut-parleur : l'enfant se retourne s'il entend, vers la
source sonore.
5
- On peut également avoir recours au test
de phrases :
dans les mêmes conditions que pour le test du nom, on demande à
l'enfant de répéter des phrases ou d'exécuter des ordres.
6
- Un peu plus tard, on utilise le test
des mots avec indication d'images :
l'enfant montre du doigt l'image correspondant à la forme phonétique
entendue. En fonction de mots bien choisis, il est possible de
préciser les troubles de prononciation. Dans le test d'Olivaux, on
dispose de 25 images que l'enfant a appris à reconnaître. Les
images étant placées devant lui, l'observateur placé à 1 mètre
en face de l'enfant nomme les images à voix chuchotée et note sur
la liste les bonnes réponses. Si le pourcentage de bonnes réponses
est inférieur à 25, il faut recommencer en invitant l'enfant à
regarder l'observateur chaque fois qu'il nomme une image. Si le
pourcentage de bonnes réponses est meilleur, on peut avoir des
doutes sur la valeur de l'audition. Il faut tenir compte de la
fatigabilité de l'enfant et ne pas hésiter à recommencer l'épreuve
un autre jour.
7
- C'est à partir de 4 ans, mais mieux, à 5 ans, que, grâce à un
appareil audiométrique simple, dont peuvent disposer maintenant tous
les médecins scolaires, on peut réaliser rapidement le "test
de balayage de fréquences".
L'enfant coiffé d'un casque à deux écouteurs reçoit un son, soit
d'un côté, soit de l'autre. On peut, grâce à l'appareil, faire
varier l'intensité émise de 20 à 40 dB et la fréquence de 250
(sons graves) à 4000 Hz (sons aigus). En notant les réponses de
l'enfant, on peut classer l'audition en normale, suspecte ou
mauvaise. L'examen par une personne entraînée demande 3 minutes.
8
- Tout enfant suspect doit être adressé à un centre disposant
d'une installation spéciale permettant de réaliser : le
réflexe d'orientation conditionnée (ROC)
ou le "Peep
Show".
Un
examen est important et devrait être systématique pour confirmer et
évaluer le déficit auditif : l'impédancemétrie
qui
permet d'établir la courbe tympanométrique et d'étudier le
réflexe stapédien
des
potentiels évoqués auditifs
Conclusion
Tout
diagnostic de déficit auditif doit conduire à une prise en charge :
- les surdités de perception impose une prise en charge très
spécifique. - les surdités de transmission doivent également être
prises en compte. Les rhinopharyngites à répétition avec
obstruction tubaire et otite séreuse , si fréquentes chez le jeune
enfant, sont responsables d’hypoacousie chronique ; elles doivent
être efficacement traitées (une perte auditive durable de «
seulement » 25 dB retentit sur la compréhension et l’acquisition
du langage), si nécessaire par un geste chirurgical (adénoïdectomie,
paracentèse, voire pose d’aérateurs transtympaniques)
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